- ATLANTIQUE (PLAINE)
- ATLANTIQUE (PLAINE)Tout l’est de l’Amérique du Nord depuis Terre-Neuve jusqu’à l’extrême pointe méridionale de la Floride est bordé par une plaine qui s’étend plus ou moins largement en bordure de l’Atlantique. Partout, mais avec des caractéristiques différentes, la terre et la mer s’interpénètrent profondément. Nulle part on n’a l’impression d’une côte «achevée» mais bien plutôt d’un monde en train de se faire.Vers l’intérieur, la plaine est rapidement limitée dans toute la partie septentrionale, où elle disparaît même complètement par endroits, puisque vers Terre-Neuve elle n’est plus représentée que par les fameux «bancs», larges de 500 kilomètres et entièrement submergés. En Nouvelle-Angleterre et jusqu’au niveau de New York, elle forme une étroite frange et n’est guère représentée que par des îles (comme Long Island) ou par des cordons de débris amenés par les glaciers et remaniés par les courants côtiers (comme les flèches du cap Cod). C’est au sud de New York que se développe la véritable plaine atlantique.La limite intérieureAu sud de New York, la plaine s’élargit progressivement tout en s’élevant de la côte jusqu’au piémont qui forme le rebord des Appalaches. Le passage de la plaine au piémont se fait par un long escarpement plus ou moins marqué (Fall Line), découpé en collines, traduisant le passage des roches dures qui constituent la masse des Appalaches et qui sont nivelées dans le piémont aux couches récentes, inclinées vers le large, qui constituent la surface de la plaine elle-même.Les matériaux sont homogènes et peu déformés: vers l’intérieur, les couches sont plus anciennes et plus redressées; sur la bordure, la pente s’adoucit et les couches s’épaississent en direction du plateau continental, large de 200 à 300 kilomètres, qui se termine par un talus de sédimentation plongeant vers les profondeurs sous-marines.Les différentes partiesOn peut distinguer, dans la plaine atlantique proprement dite, deux parties: de New York au cap Lookout et du cap Lookout à la Floride.Dans la partie septentrionale, la région new-yorkaise constitue une charnière tant au point de vue morphologique – la plaine, immergée en grande partie jusque-là, devient vers le sud de plus en plus large – qu’au point de vue économique: découpée par de grands estuaires, fermée par la montagne où aboutissent des passages comme la vallée de l’Hudson, la plaine devient alors le plus grand carrefour humain des États-Unis.Dans ce secteur septentrional, de vastes baies, appelées parfois rias , profondément remontées par le flot marin jusqu’à la Fall Line, morcellent la plaine (chenaux autour de Long Island, fjords de l’Hudson, baies de la Delaware et de la Chesapeake). La région est, dans l’ensemble, basse, marécageuse; la côte, précédée de bancs de sable, est souvent lagunaire. La profondeur des chenaux est suffisante pour permettre aux navires de gros tonnages de les remonter, ce qui a favorisé l’installation d’organismes portuaires puissants et complexes comme New York, Newark, Philadelphie, Baltimore, un peu en retrait sur le Potomac, Washington, Norfolk... De plus, cette profonde pénétration marine a favorisé la colonisation précoce, d’autant qu’il s’agit de la côte située face au continent européen. Au cours d’une première période, la présence toute proche des Appalaches a freiné les transports vers l’intérieur et poussé au développement du cabotage maritime; ultérieurement, la rigueur du climat septentrional et l’ouverture de la route des Grands Lacs ont détourné une partie du commerce canadien en hiver vers les rives atlantiques plus favorisées; c’est à cette même époque que les voies de communication (canaux, routes et voies ferrées) empruntèrent les wind gaps des Appalaches, ce qui permit le développement des grandes villes installées le long de la Fall Line.Si la région est humide (plus de 1,20 m de précipitations annuelles), l’amplitude thermique est assez marquée: les étés sont très chauds (moyenne de juillet de 20 à 25 0C), mais les hivers sont rigoureux avec des coups de froid brutaux (moyenne de janvier inférieure à 0 0C). Pourtant la période de végétation est longue: elle atteint 6 ou 7 mois et permet une vie agricole active. Celle-ci est limitée au nord de Washington, aux rares espaces qui ne sont ni marécageux ni envahis par l’étalement urbain. L’élevage est bien développé près des villes; il est souvent aux mains des colons d’origine allemande. Le bétail consomme du maïs en vert, des aliments, importés des grandes plaines centrales, et des produits artificiels.Vers le sud, les terres agricoles sont plus nombreuses et les cultures deviennent plus riches (maïs, tabac, vergers de pommiers vers l’ouest).Au sud-ouest d’une ligne allant de Richmond au cap Lookout, les caractères de la plaine atlantique changent: les grandes baies et les cordons littoraux disparaissent et, si les zones côtières sont encore basses et marécageuses, la plaine s’élève rapidement et présente un relief plus marqué. En Georgie, on traverse successivement toute une série de terrasses qui s’élèvent jusqu’à un plateau, découpé de vallées et terminé par une zone de collines au pied des Appalaches. Le climat est chaud et humide (plus de 1,30 m de précipitations annuelles) et il y a parfois un excédent d’eau nuisible aux cultures. La couverture forestière, très étendue autrefois, a été largement attaquée mais elle couvre encore 40 p. 100 environ des zones basses et humides.L’exploitation agricole se ressent des traditions coloniales: au nord, on a des petites fermes d’une vingtaine d’hectares; plus on va vers le sud, plus s’accroît la grande propriété, atteignant fréquemment 200 à 300 hectares et subdivisée en lots confiés à des métayers souvent très pauvres. La culture du tabac nécessite beaucoup d’engrais car les sols commencent à s’épuiser; le coton est en voie de disparition, chassé par la maladie (boll weevil ) et l’épuisement du sol. On cultive également des arachides et, en Caroline méridionale, des pêchers. Dans cette partie, la vie urbaine et industrielle est très limitée. Sur la côte, les deux plus grandes villes sont les ports de Charleston et de Savannah qui expédient du coton et du bois et possèdent quelques industries (constructions navales, travail du bois, papeteries, textiles).
Encyclopédie Universelle. 2012.